Le Code du Numérique est en cours d’écriture. 20 exemplaires papier circulent dans les rues de Belgique entre le 10 juin 2022 et le 16 octobre 2022, journée de Lutte contre la Pauvreté. Ils sont là pour recevoir vos expériences et propositions. Vous avez envie de participer ? Contactez-nous !
Et voici déjà des extraits :

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2022
Code du numérique
bruxellois
en cours d’écriture
par le Comité Humain du Numérique
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Ces deux années de crise sanitaire ont accéléré la modification de notre rapport au numérique. Il y a eu un déplacement des institutions chez nous, elles s’invitent dans nos salons, dans nos lits. Il y a de moins en moins d’espaces réels et d’humains qui nous permettent un contact direct. Cela a un impact important sur notre accès aux services essentiels : aides sociales, administrations… et encore banques et autres entreprises privées devenues indispensables. Cela a un impact important sur nos droits fondamentaux : vivre dans la dignité et l’égalité, se soigner, s’exprimer, se nourrir, s’éduquer, se cultiver, avoir son intimité…
Nous avons vécu dans l’urgence. Il est maintenant temps de nous réunir pour prendre du recul sur ce qui marche et ne marche pas.
La récolte de près de septante témoignages depuis 2021 a permis de dresser de nombreux constats qui parlent de problèmes bien réels. Premier constat : les difficultés ne sont pas seulement liées au manque de matériel (ordinateur, connexion internet) ou au manque de compétences (savoir utiliser les outils).
Nos vécus, que nous vous partageons dans ce texte de loi, parlent d’abord de l’impossibilité de remplacer les humains par des machines :
L’accompagnement humain sera toujours nécessaire pour presque la moitié de la population. Le recours au tout numérique discrimine une grande partie d’entre nous qui maitrisons mieux l’oral que l’écrit. // Beaucoup de situations n’entreront jamais dans les ‘cases’ prédéfinies. L’automatisation des services a pour conséquence une perte de qualité et de savoir-faire. Les bugs existeront toujours. // Le refus d’être isolé et le refus d’être dépendant aux outils numériques doivent être entendus, au nom de notre santé physique et mentale. // Les coûts financiers et environnementaux sont sous-évalués. // La digitalisation des services publics et privés donne encore plus de pouvoir aux institutions, face aux individus (accès aux démarches, recours, service clientèle, participation au débat, centralisation des données…). |
Tout cela a de réelles conséquences psychologiques, financières, sociales, environnementales et juridiques dans notre société.
Aujourd’hui, de nombreux collectifs, travailleur·euses, citoyen·es et politiques sonnent l’alarme face à la digitalisation de nos vies. C’est le moment de s’unir pour imaginer ensemble une nouvelle réglementation du numérique, afin de protéger les personnes vulnérables face au numérique (près de 40 % de la population, selon le baromètre de l’inclusion numérique de la Fondation Roi Baudouin, 2020). Nous ne défendons pas le retour au tout-papier. Nous défendons que c’est au numérique de s’adapter à l’humain et non l’inverse.
Pour que le numérique ne devienne pas un frein à la démocratie et à l’État de droit, pour éviter l’exclusion sociale et les coûts environnementaux, une chose apparaît déjà clairement : IL FAUT CONSERVER UNE ACCESSIBILITÉ NON-DIGITALE DANS LES SERVICES PUBLICS ET PRIVÉS.
C’est l’objet de notre LIVRE PREMIER.
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LIVRE PREMIER*
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Rester accessible d’humain à humain : une nécessité pour l’accès aux services essentiels et aux droits fondamentaux
*Les articles de loi du LIVRE PREMIER ont été inaugurés lors du Grand Comité Humain du Numérique qui s’est tenu le 22 avril 2022 dans les Marolles à Bruxelles.

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ARTICLE 1er
Tous les services publics et privés
doivent proposer un accompagnement humain,
sans condition, sous peine de sanction.
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Article 2e
Le numérique doit être utilisé au
service de l’humain : ce n’est pas à l’humain à s’adapter au numérique.
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Article 3e
Les démarches administratives ne
peuvent pas impliquer le recours à un service privé.
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Article 4e
Chacun·e d’entre nous, parlons, imaginons et mettons en place des alternatives aux « solutions » numériques qu’on nous impose.



