Témoignages

Jessica Je ressens le besoin de me justifier de ne pas être joignable. Surtout envers mes amis. Peu comprennent ce droit.

Darren Le numérique fragilise clairement la santé mentale dans le monde du travail. Omnipotence d’objet-écran, des mails, des groupes WhatsApp… On doit soi-même imposer des frontières. Cela devient de la responsabilité du travailleur de mettre des limites entre privé et public, car on utilise les mêmes objets au travail et dans notre intimité. Je sens que ça commence à me toucher, à me peser. Désactiver les notifications, cela devrait être normal quand on est chez soi. Et en même temps moi le premier j’envoie des messages le soir à mes collègues quand je pense à un truc. C’est pas facile.

Savannah Faut que je pense à m’acheter une souris, un rehausseur pour mon écran. Le numérique c’est quotidien au travail et je me rends compte que l’ordinateur me fait mal. À part les conséquences physiques, je sens la pression constante de devoir être joignable. Messages professionnels, famille, amis. Je passe mon temps à devoir répondre à des trucs. C’est chiant. J’en ai marre, mais je continue.

Fiona Être joignable tout le temps. Par exemple pour ma mère. Encore un stress.

Anaïs Le téléphone me rend anxieuse. Je me mets facilement en coupure numérique. Certains ne comprennent pas. Je sens de la culpabilité. Je me coupe d’informations importantes. C’était très difficile pendant les études. Est-ce que je dois toujours répondre aux groupes ? À tous les messages ?

Annaëlle Mais il y a aussi des aspects positifs. Le numérique permet de maintenir le lien social, que ce soit pendant le confinement ou dû à une distance physique. Pendant le confinement ma grand-mère s’est retrouvée fortement isolée et on a senti que l’isolement avait eu un impact sur sa santé mentale, et aussi physique. Mais grâce aux appels vidéos qu’on a pu mettre en place, elle s’est à nouveau sentie soutenue et entourée.

Sarra On m’a volé mon téléphone. La carte de banque, les photos de la carte d’identité, je devais rester joignable… Le stress commence à monter. C’est grave en fait. J’ai fait beaucoup de démarches. J’ai bloqué ma carte. La police me demande un numéro de référence que je n’ai plus. Je voulais porter plainte, mais ce n’était pas possible. Beaucoup beaucoup de stress en fait.

Élise Ça a changé avec le confinement. Moi par exemple au boulot on a changé d’ordinateur. C’est un nouvel ordinateur où il y a un téléphone dedans aussi. Et en fait nos heures de travail commencent à partir du moment où on ouvre l’ordinateur. Donc, où qu’on soit, même au bureau, aujourd’hui travailler c’est être devant un ordinateur. Quand on écrit un document, il est écrit online. On n’a plus d’imprimante. On n’a même plus le droit de le sauver pour un truc personnel. Tout est à la fois contrôlé et online. Je sais qu’il y a eu une bataille avec les syndicats, mais ça a quand même été une imposition de force qui est restée après le confinement.

Art. 7.1

Dans le cadre du travail au bureau ou en télétravail, une alternative non numérique obligatoire ou un pourcentage maximum du temps de travail sur écran (par exemple 50 %) doit être mis en place.

  • L’utilisation d’un numérique hors-ligne doit être privilégiée, pour ne pas banaliser les interruptions, la perte de concentration et la surveillance (mails, chat, zoom, enregistrement de l’activité). À ce niveau-là aussi, un pourcentage connecté/non connecté est à définir.

  • Valoriser les moments informels et humains entre collègues et sur le terrain comme du temps de travail et encourager la créativité pour travailler autrement sans numérique.

  • Droit à la déconnexion en dehors du temps de travail. Par exemple : mise en attente des mails envoyés entre 18 h et 7 h du matin.

  • À titre individuel, dans le lien avec l’école, les services ou avec ses proches, tout un chacun doit pouvoir être déconnecté sans se justifier.

Commentaires

Julien

Dans la mesure du possible. Dans certaines matières, il est impossible de travailler sans le numérique ou d’imposer un maximum de temps de travail sur écran. Par exemple en infographie ou en webdesign.

Une experte du Parlement humain

Je pense que c’est effectivement important de mettre la notion de télétravail dans l’Article 7. Avant le confinement j’avais une heure de télétravail par semaine. Après, j’en avais toujours trois ou quatre. Il y a quelque chose là qui a été fait de force, sans qu’il y ait discussion, concertation. C’est à réglementer absolument. Moi, il y a un an — donc post-Covid avec des résidus assez forts — si je voulais faire strictement les tâches essentielles, c’est 10 heures par jour devant un écran. C’est-à-dire travailler, suivre la scolarité des enfants — obligatoire de passer par Smartschool — et les démarches administratives basiques, je ne compte même pas les loisirs et les communications de complaisances. Et ça mène au burn-out numérique. Moi ça m’est arrivé et il y en a énormément.

Erick

Je pense qu’il est important de différencier quel type de coupure et quel type de numérique. Aujourd’hui effectivement l’écran est omniprésent. Aujourd’hui basiquement avec un PC on fait beaucoup de choses qu’on ne ferait plus autrement. On ne va plus utiliser une vieille machine à écrire ! On va écrire sur un traitement de texte parce que ça a plein d’avantages. Mais on peut concevoir un numérique déconnecté. Parce que le problème, et le problème aussi de la quantification, de la surveillance, du temps, c’est d’avoir un numérique qui est connecté et qui contrôle tout. Or on peut très bien l’utiliser comme un outil de manière déconnectée. On peut alors dire que dans le cadre du travail, le travailleur ne peut être contraint à la connexion — pour recevoir les mails, les notifications, les appels, etc. — que de manière très limitée.

Christophe

Je suis un politique et je me présente aux élections régionales Bruxelles-Capitale de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. Sur le principe, c’est vers là qu’on doit aller. Mais il faut faire attention à la praticabilité des mesures. Les règles trop rigides sont contreproductives et ne peuvent pas résulter en des tracas administratifs démesurés et supplémentaires pour les entreprises.

Stéphane

Je suis un politique et je me présente aux élections régionales Région wallonne de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. Pourquoi ? Nous sommes pour un droit à la déconnexion et une société où le numérique est une option et non une obligation.

Floriane

Je suis une politique et je me présente aux élections fédérales de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. Importance de la technologie dans l’amélioration des soins de santé et dans la simplification administrative, tout en mettant un accent sur la protection de la vie privée avec une cybersécurité rigoureuse. Le droit à la coupure numérique, cette approche équilibrée suggère une reconnaissance des avantages technologiques tout en protégeant les individus contre ses excès potentiels.

Olivier

Je suis un politique et je me présente aux élections fédérales de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. La numérisation et le téléphone portable ont entrainé une grande perméabilité entre vie professionnelle et privée. Il faut la redéfinir.

Martin

Je suis un politique et je me présente aux élections régionales Bruxelles-Capitale de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. Mon parti souhaite assurer un droit à la déconnexion numérique et l’étendre à l’ensemble des entreprises, y compris celles employant moins de 20 travailleurs. Il est primordial d’encadrer le télétravail (et le travail) avec une attention particulière apportée au bien-être et à la santé au travail. Le droit à la déconnexion doit être garanti au niveau européen.

Robert

Je suis un politique et je me présente aux élections régionales Région wallonne de 2024. Je voterais pour le droit à la coupure numérique. Rien à ajouter.