Témoignages

Jessica L’automatisation dans le travail génère du stress. Après mes études, j’ai bossé dans une grosse librairie. À un moment tout le système informatique a été changé très rapidement. Il y avait des bugs, le stress du Covid, le stress de ne pas comprendre, d’être incompétent, qui nous poursuit le soir jusqu’à la maison. On avait moins de contact client. Cette période reste en moi — en nous les employés — comme quelque chose d’assez traumatique. On n’a reçu aucune considération de la part de la direction.

Ahmad Le système numérique fait des dégâts. Avant je travaillais comme technicien dans une usine de chimie. Avant 2000, on avait des machines analogiques, faciles à maitriser. Petit à petit les machines se sont numérisées. On a eu des formations, mais ce n’était pas approfondi. On n’avait pas le droit à l’erreur, sous prétexte qu’économiquement ça leur coûte. Le stress montait, certains tremblaient. 500 personnes travaillaient dans ce secteur quand j’ai commencé. Progressivement des personnes ne maitrisaient plus les nouveaux systèmes ou programmes. Ils ont été virés. Puis de plus en plus de stress, de malades. Ensuite le Covid. On est resté 20 personnes. 20 sur 500 ! Certains sont tombés malades, mais continuaient. Pour d’autres psychologiquement ça n’allait pas, mais ils continuaient. Ils ont commencé à voir un médecin neurologue ou un psychiatre. Maintenant je ne suis plus là-bas, je ne sais pas ce qui s’y passe. Aujourd’hui les personnes sont remplacées par des machines : à la STIB, la SNCB… On va avoir de plus en plus de difficultés pour résoudre les problèmes.

Art. 8.5

L’adoption d’un nouveau programme ou outil numérique au travail doit être réglementée, car l’automatisation et les mises à jour proposées à un rythme exponentiel menacent la santé et l’économie des travailleur·euses.

  • Il doit être développé en collaboration avec les travailleur·euses qui devront l’utiliser et validé par ces dernier·ères.

  • Il doit être adapté et accompagné de formation sur demande des travailleur·euses.

  • Un·e travailleur·euse peut attaquer sa direction si elle lui impose un programme qui nuit à sa santé mentale ou physique.

Commentaires

Un député du Parlement humain

Il y a une pression dans l’organisation qu’il faut prendre en compte. Oui c’est bien de co-concevoir les outils numériques. Mais en vrai le travail ce n’est pas la démocratie. Ça passe par de la contrainte et des rapports de force. Les gens essaient de se mobiliser, mais c’est de plus en plus difficile.

Une rapporteuse du Parlement humain

En effet. Pour cela le dernier paragraphe qu’on vient d’ajouter est essentiel, c’est le plus fort pour défendre la santé : le ou la travailleuse doit pouvoir contre-attaquer si ses droits sont bafoués.