Témoignages
Nora Il y a une hypocrisie autour de la liberté. On nous dit : « Le numérique pour plus de liberté ! Tu es libre de l’utiliser ou pas ». Mais c’est faux. Si tu ne le fais pas, tu es sanctionné. C’est un discours paradoxal qui entretient la confusion mentale ambiante.
Zian Je me déplace en fauteuil roulant. Pour moi l’informatique c’est dur psychologiquement. Je vois toujours ma famille à travers des écrans interposés. Ça me fait mal parce que je ne les vois jamais en vrai. Depuis que ma maman est décédée en 2019, même déjà avant, tout est devenu en clic. On prend rendez-vous en ligne et c’est fait. La famille ne prend même pas la responsabilité de venir jusqu’à Bruxelles. Ils prétendent que j’habite trop loin, eux sont à Mons. Moi me déplacer me coûte très cher : je dois faire appel à des transports adaptés pour les handicapés. On devrait limiter les fonctions de l’informatique à un certain niveau. Les gens deviennent trop dépendants de ça. Même moi. Je suis souvent tenté à aller sur mon ordinateur. Mais je ne me sens pas heureux. Je me sens enfermé dans le monde virtuel quoi ! En plus tout devient de plus en plus payant. Avant il y avait des trucs de streaming gratuits. Maintenant je suis obligé de prendre un abonnement Netflix si je veux regarder des films à longueur de journée. On doit revenir à une vie normale. À une vraie vie quoi.
Anthony Le problème c’est que ça continue à se démocratiser, c’est une économie de marché. On attire les gens. Je vois pas trop ce qu’on peut faire, à part donner de plus en plus d’aide à celles et ceux qui subissent du harcèlement, qui ont des problèmes sur les réseaux. Regrouper les gens. Parler. Ça, ça peut faire du bien. Et c’est vrai qu’il y a un truc bien avec internet : quand on arrive à trouver un groupe, un forum, avec qui on arrive à partager nos expériences, nos émotions. Ça, ça peut faire du bien. En tout cas il faut que les gens continuent à discuter ensemble. Il faut pousser les gens.
Art. 6.3
Capter l’attention d’une personne, à l’insu de son plein gré, pour en tirer du profit à l’aide d’outils, applications ou programmes numériques, est illégal.
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C’est du vol de l’attention.
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Demander aux créateur·ices de programme d’appliquer des principes de prévention (définis selon les études de santé publique). Il faut par exemple obliger les applications à décocher les notifications par défaut.
Commentaires
Il ne faut pas seulement « demander » aux créateurs, il faut les obliger ! Et que les propriétaires des outils restent responsables des failles de sécurité. Par exemple : si une voiture « intelligente » a un accident parce que le programme a connu une faille, le propriétaire du programme est responsable.
À la Silicon Valley, certains canalisent leur création. Le scrolling en gros c’est faire passer son doigt ou sa souris pour faire passer l’information. C’est un puits sans fond, sans fin, on a envie de regarder ce qu’il y a derrière. Aza Raskin, le créateur de ce truc, a décidé d’inventer maintenant un scrolling qui n’est pas infini. Plus on scroll, plus ça ralentit. À la fin ça devient tellement lent qu’on ne peut plus scroller. Il a pensé à cet outil parce qu’il a vu que sa première invention poussait à l’addiction.